
Feux de forêt
Le nombre croissant et l’ampleur des feux de forêt doivent être examinés dans le contexte plus large de l’accélération de la crise climatique. Les feux incontrôlés, tout comme les changements climatiques, ont une incidence disproportionnée sur les femmes et les groupes marginalisés, notamment les Autochtones. C’est pourquoi il est essentiel d’adopter des approches autochtones et adaptées aux genres pour lutter contre ces feux. En reconnaissant les expériences et les besoins divers de chaque personne et en en tirant parti, il est possible de mettre au point des pratiques de gestion plus efficaces des feux de forêt et des situations d’urgence, d’affronter les pénuries de main-d’œuvre et de bâtir des collectivités plus résilientes.
Recommandations
Soutenir la participation et le leadership des femmes dans la gestion des feux de forêt
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Cerner et éliminer les obstacles au recrutement et au maintien en poste des pompières, tels que les stéréotypes sexistes, les équipements conçus pour les hommes, la discrimination et le harcèlement en milieu de travail.
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Créer des associations transfrontalières de pompières pour faciliter l’apprentissage et le soutien.
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Reconnaître la contribution des femmes aux efforts de prévention, de gestion et de rétablissement à l’échelle communautaire; les consulter dans le cadre de la planification des situations d’urgence, y compris sur les plans d’évacuation; déterminer les moyens de soutenir leur travail.
Intégrer les connaissances et les pratiques autochtones
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S’inspirer des pratiques traditionnelles de gestion forestière des Autochtones.
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Donner aux collectivités autochtones la possibilité d’appliquer leurs connaissances traditionnelles et éliminer les obstacles à leur participation à la gestion des feux de forêt et des situations d’urgence – de la prévention à l’intervention et au rétablissement.
Prendre en considération les facteurs sociaux et liés au genre et prévenir la violence fondée sur le genre
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Recueillir des données ventilées selon le genre ou le sexe afin de mieux comprendre l’incidence des feux de forêt sur les différents groupes de population et d’améliorer les interventions en cas d’urgence.
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Lorsque les données ne sont pas disponibles, utiliser d’autres méthodes pour se préparer de manière adéquate à répondre aux besoins des diverses populations. Par exemple, prévoir qu’un pourcentage de la population est composé de femmes enceintes qui auront besoin de services de santé reproductive en cas d’urgence.
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Reconnaître les différents rôles que les femmes et les hommes jouent souvent dans les collectivités, par exemple en tant que personnes soignantes.
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Consulter les plans d’évacuation locaux et tenir compte des diverses structures familiales et des besoins particuliers des femmes et des groupes marginalisés.
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Inclure des mesures visant à prévenir et à combattre la violence fondée sur le genre.
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Pendant la phase de rétablissement, garantir des possibilités équitables pour les femmes et les autres groupes marginalisés, par exemple en veillant à ce que les entreprises autochtones et les entreprises appartenant à des femmes bénéficient d’un accès équitable à l’aide économique.
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Faciliter la mise en commun des pratiques exemplaires entre les membres du G7 et avec les pays tiers, en particulier les pratiques qui respectent les facteurs sociaux et liés au genre et qui font participer les populations locales et autochtones à la gestion des feux de forêt.
Justification
Les femmes ne représentent que 2 à 7 % des pompières et pompiers professionnels dans les pays du G71. En parallèle, le nombre de pompiers et de pompières a diminué dans de nombreux pays, y compris les membres du G7, tandis que la fréquence et la taille des feux de forêt ont augmenté. La participation des femmes améliore l’efficacité des unités de lutte contre les incendies2.
Les feux de forêt et autres catastrophes naturelles touchent les femmes de manière disproportionnée en raison des inégalités systémiques et des rôles sociétaux. Les femmes sont souvent les premières à s’occuper des enfants, des membres âgés de la famille et des personnes handicapées pendant les crises. Ce rôle de soignante les expose à un risque accru en cas d’évacuation.
Diverses études montrent que la violence sexuelle et fondée sur le genre augmente en période de crise, notamment lors des évacuations d’urgence et dans les abris temporaires3. Pendant les feux de forêt, la fumée expose les femmes enceintes à des problèmes de santé particuliers, car elle peut entraîner des naissances prématurées, un faible poids à la naissance et un stress maternel accru. Ces feux peuvent également amplifier des inégalités sociales préexistantes. Par exemple, les femmes sont moins bien rémunérées que les hommes et elles travaillent plus souvent dans l’économie informelle, ce qui les rend plus vulnérables à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire après une catastrophe.
Il arrive souvent que les efforts de rétablissement après des feux de forêt portent principalement sur les infrastructures et la distribution des ressources, mais ne répondent pas aux besoins particuliers des femmes, notamment l’accès aux services de santé reproductive ou la mise à disposition de produits d’hygiène menstruelle dans les abris d’évacuation. Les inégalités systémiques et le désinvestissement historique dans les collectivités autochtones amplifient l’incidence des catastrophes, comme les feux de forêt dans ces collectivités. Au Canada, par exemple, les Autochtones ont 5 fois plus de risques de mourir dans un incendie que le reste de la population. Les pratiques autochtones traditionnelles de gestion des forêts sont économiques et renforcent les efforts de prévention. Pourtant, ces pratiques sont souvent ignorées, et les pompiers et les pompières autochtones sont exclus des plans d’urgence et des efforts de lutte contre les incendies.
Note de bas de page
[1] Selon l’Association internationale des services d’incendie, le pourcentage de femmes est généralement plus élevé parmi les pompiers volontaires. World Fire Statistics, 2024.
[2] Centers for Disease Control and Prevention, 2024.
[3] Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), 2024.
