
Égalité des genres : Outils et Principes
Les inégalités entre les genres continuent de marquer les économies, les sociétés et la prise de décisions politiques dans le monde entier. Au rythme actuel, il faudra attendre 134 ans pour réaliser la parité entre les genres1. Pourtant, les études démontrent constamment les avantages de l’égalité des genres sur les plans de la sécurité, de la stabilité et de la croissance économique.
Le G7 s’est engagé à atteindre l’égalité des genres, à lutter contre la violence fondée sur le genre et à autonomiser les femmes et les filles dans toute leur diversité. Il est déterminé à intégrer l’égalité des genres dans tous les domaines stratégiques. L’année dernière, dans les Pouilles, en Italie, les dirigeants et dirigeantes du G7 ont exprimé leur inquiétude au sujet du recul des droits des femmes, des filles et des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenre, queer ou en questionnement, intersexuées, asexuelles et autres (LGBTQIA+) dans le monde entier – en particulier en temps de crise – et ont réitéré leur engagement en faveur d’un accès universel à la santé et à des droits étendus en matière de santé sexuelle et reproductive
Les dirigeants et dirigeantes du G7 sont responsables de leurs engagements, et doivent adopter des lois, des politiques fortes, et des cibles concrètes pour combler les écarts persistants entre les genres qui existent dans le programme du G7, notamment en ce qui concerne la participation et le leadership des femmes. Le G7 joue un rôle central dans la promotion de l’égalité des genres en tant que moteur et catalyseur de la résilience démocratique, de la paix et de la sécurité, de l’action climatique et de la prospérité économique, et le Conseil consultatif sur l’égalité des genres (CCEG) appelle les dirigeants et dirigeantes du G7 à tenir leurs engagements.
Principes et outils essentiels pour parvenir à l’égalité des genres
Les principes et outils suivants permettront au G7 d’adopter nos recommandations et de montrer l’exemple en démontrant que l’égalité des genres n’est pas seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité stratégique pour un monde prospère et stable.
Recommandations
Analyse comparative entre les genres, données et responsabilisation
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Investir dans des données complètes, ventilées selon le genre ou le sexe, tout en tenant compte, le cas échéant, des formes multiples et croisées de discrimination, afin d’accroître l’obligation de rendre compte au regard des engagements passés du G7, d’éclairer les décisions stratégiques et de soutenir la croissance économique.
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Fixer des cibles concrètes pour accroître le leadership des femmes en politique et dans les affaires.
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Renforcer le Tableau de bord du G7 sur les écarts entre les genres en améliorant ses indicateurs, notamment pour déterminer le nombre de femmes qui travaillent dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) et dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STIM), et pour élargir la définition de la violence fondée sur le genre.
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Introduire une analyse comparative entre les genres dans les travaux du Groupe de travail du G7 sur la responsabilisation, afin de mesurer de manière plus complète l’incidence des engagements du G7 sur l’égalité des genres, y compris dans les pays non-membres.
Investissements et égalité économique
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Veiller à ce que les engagements du G7 soient accompagnés des ressources correspondantes.
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Introduire une budgétisation tenant compte des questions de genre pour lutter contre les inégalités économiques et veiller à ce que des ressources soient allouées pour combler les écarts de genre persistants.
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Prendre des mesures pour lutter contre les inégalités économiques mondiales, notamment en s’attaquant à la crise de la dette et en mettant en place un régime d’imposition équitable à l’échelle mondiale.
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Affecter des fonds aux organisations de défense des droits des femmes.
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Introduire des normes de travail différenciées selon le genre, comprenant des dispositions applicables en matière d’égalité de la rémunération et de non-discrimination.
Éducation et renforcement des capacités
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Investir dans l’éducation au sein du G7 et au-delà, afin d’améliorer l’accès des femmes et des filles à l’éducation.
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Réviser les programmes scolaires pour favoriser des normes de genre positives, soutenir les alliés parmi les hommes, prévenir la violence fondée sur le genre sous toutes ses formes, et promouvoir les compétences en STIM de façon à accroître la participation des femmes à l’IA, aux technologies quantiques et aux chaînes de valeur des minéraux, et à améliorer leur culture numérique et financière.
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Renforcer la capacité du G7 et de ses partenaires commerciaux à effectuer des analyses fondées sur le genre et à mettre en œuvre des politiques et des programmes adaptés au genre.
Démocratie et droits de la personne
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Prendre des mesures concrètes pour contrer le recul croissant des droits des femmes, y compris des droits sexuels et reproductifs, ainsi que des droits des personnes LGBTQIA+. Par exemple :
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Défendre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ dans les relations bilatérales et les forums multilatéraux, y compris en ce qui concerne les situations de conflit.
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Souligner l’importance de la sauvegarde de ces droits, qui sont fondamentaux pour la démocratie et la stabilité.
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Financer les organisations qui soutiennent ces droits.
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Violence fondée sur le genre
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Intensifier les efforts visant à lutter contre toutes les formes de violence fondée sur le genre (physique, psychologique, économique, facilitée par la technologie, et harcèlement en milieu de travail) notamment au moyen de l’éducation, de la sensibilisation, des lois, des politiques et de mesures d’application.
Justification
Les femmes sont sous-représentées dans tous les domaines de la prise de décisions et du leadership. À l’échelle mondiale, seulement 27 % des parlementaires des chambres uniques ou des chambres basses sont des femmes2, et on ne compte que 25 pays où elles occupent les fonctions de chef d’État ou de gouvernement3. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les femmes ne détiennent que 25 % des postes de direction dans les entreprises multinationales; la proportion la plus faible se situe dans le secteur de l’énergie (18 %) et la plus élevée dans celui des soins de santé (30 %).
Par rapport aux hommes, les femmes gagnent moins d’argent4, elles consacrent 2,5 fois plus de temps aux travaux ménagers et aux soins non rémunérés5, et leur accès au capital et aux services financiers est plus restreint. Près de 60 % des emplois féminins dans le monde sont dans l’économie informelle; dans les pays à faible revenu, cette proportion est supérieure à 90 %6.
La violence sexuelle et fondée sur le genre est présente dans tous les pays et dans toutes les sphères de la vie; elle va du harcèlement en milieu de travail à la violence entre partenaires intimes, en passant par les hypertrucages pornographiques générés par l’IA, le féminicide et la violence sexuelle dans les conflits, y compris ceux qui sont alimentés par la recherche de minéraux critiques. Cette violence augmente en cas de conflit ou de crise, par exemple lors d’évacuations d’urgence pendant un feu incontrôlé ou dans le cadre de la migration clandestine. Dans le monde, 1 femme sur 3 a subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un ou d’une partenaire intime ou des violences sexuelles d’une personne autre qu’un ou une partenaire, et les féminicides sont en hausse : chaque jour, 140 femmes ou filles dans le monde sont tuées par une ou un membre de leur propre famille7.
En parallèle, l’atteinte de l’égalité des genres offre une occasion importante de bâtir des sociétés plus sûres et plus prospères, étant donné la corrélation, sans cesse démontrée par les études, entre égalité des genres et paix, sécurité et croissance économique. Par exemple, les pays dont la population active compte 10 % de femmes sont près de 30 fois plus susceptibles de connaître des conflits internes8. Les gouvernements feraient d’importantes économies s’ils s’attaquaient à la violence fondée sur le genre, qui leur coûte jusqu’à 3,7 % de leur PIB9. Outre les préjudices qu’elle inflige, la violence fondée sur le genre empêche aussi les femmes de participer à la vie publique, de créer une entreprise ou de jouer un rôle de premier plan, ce qui entrave effectivement l’atteinte de l’égalité entre les genres.
Des études démontrent également un lien entre la diversité (définie comme une plus grande proportion de femmes et une composition ethnique et culturelle plus mixte de la direction des grandes entreprises) et un rendement financier supérieur dans une entreprise10, et montrent que les femmes obtiennent de meilleures notes que les hommes dans la plupart des compétences de direction11. Si toutes les filles terminaient leurs études secondaires, elles auraient plus de chances de trouver des emplois bien rémunérés et d’accéder à des postes de direction, et les pays gagneraient entre 15 et 30 billions de dollars américains en productivité et en gains à vie12. L’élimination du fossé numérique entre les genres pourrait se traduire par des économies de 500 milliards de dollars américains dans les années à venir13. Si le retard des femmes était comblé au chapitre de l’emploi et de l’entrepreneuriat, notamment dans les domaines d’action prioritaires du G7, le PIB mondial pourrait augmenter de plus de 20 %, ce qui reviendrait essentiellement à faire doubler le taux de croissance mondial actuel au cours des 10 prochaines années14.
Note de bas de page
[1] Forum économique mondial. Global Gender Gap Report, 2024
[2] Union interparlementaire (en date du 1er avril 2025).
[3] ONU Femmes (en date du 1er janvier 2025).
[4] Dans les pays du G7, les femmes gagnent en moyenne 14 % de moins que les hommes; dans l’ensemble de l’OCDE, le pourcentage est de 12 %.
[5] ONU Femmes et DESA. Progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable : gros plan sur l’égalité des sexes 2024, 2024.
[6] Organisation internationale du Travail (OIT), Femmes et hommes dans l’économie informelle : Un panorama statistique, troisième édition, 2018.
[7] ONU Femmes, op. cit.
[8] Caprioli, Mary, « Gendered Conflict », Journal of Peace Research, vol. 37, no 1, 2000, p. 51-68.
[9] Groupe de la Banque mondiale, 2018.
[10] Voir, par exemple : McKinsey & Company, Delivering Through Diversity, 2018.
[11] Zenger, Jack et Joseph Folkman, « Women Score Higher Than Men in Most Leadership Skills », Harvard Business Review, 2019.
[12] Montenegro, Claudio, Quentin Wodon, Hoa Nguyen et Adenike Onagoruwa, Missed Opportunities: The High Cost of Not Educating Girls, The Cost of Not Educating Girls Notes Series, © Banque mondiale, 2018.
[13] ONU Femmes et DESA. Progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable : gros plan sur l’égalité des sexes 2024, 2024.
[14] Groupe de la Banque mondiale, Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2024, 2024.
